Marché du bio : 2021, l’année où tout a capoté

Marché du bio : 2021, l’année où tout a capoté

Le marché du bio est-il entré dans une période de crise ? Le bio peut-il vraiment atteindre 25% de surfaces cultivées comme le souhaite la Commission Européenne ? Voici autant de questions que les dernières statistiques sur le marché du bio en France permettent d’éclairer. Ils montrent que les effets du Covid sur la consommation d’aliments bio n’étaient que temporaires. D’autres effets s’ajoutent pour contribuer à une baisse historique des ventes.

 

 

 

 


Statistiques sur le marché du bio en France en 2021

  • 37% des oeufs consommés en France sont bio
  • 15% des produits laitiers consommés en France sont bio
  • Les produits bio représentent 6,5% des dépenses des ménages en France
  • Baisse de 3,1% des achats d’oeufs bio
  • Baisse de 7% des achats de produits laitiers bio
  • Baisse de 7% des achats de carottes bio
  • Déclassement de 20 à 30% des pommes bio en pommes conventionnelles
  • Déclassement de 20% des volumes de lait bio en lait conventionnel

Le marché de l’alimentation bio en 2020-2021

La part du bio dans la consommation des ménages français représente 6,5% en 2021. En Allemagne, cette part s’établissait à 6,4% en 2020.

La consommation de produits bio avait indubitablement profité de la crise du Covid. On avait ainsi enregistré une hausse de 22% en Allemagne et 12% en France de la consommation de produits bio. Tout semblait donc bien parti. De l’extérieur les confinements successifs nous avaient contraints à cuisiner à la maison et, espérait-on, à opter pour une alimentation plus saine. Nous avions à l’époque mis en garde sur ce que nous pensions être un report d’achat vers le bio à cause des ruptures de stock dans les magasins traditionnels.

Les dernières statistiques sur le marché du bio en France confirment que la hausse de la consommation n’était que temporaire. A ceci s’ajoutent d’autres facteurs qui sont peut-être annonciateurs de mauvaises nouvelles pour le marché de l’alimentation bio.



 

L’inflation et la baisse du pouvoir d’achat vont freiner la croissance du marché du bio dont nous estimons le pic à 10% du budget des ménages d’ici à 2030.



Mauvaises nouvelles sur la consommation de produits bio en France en 2021

Le marché du bio en France fait actuellement face à une situation assez compliquée. Plus événements spectaculaires se sont produits :

  • déclassement de 20% des volumes de lait bio en lait conventionnel
  • déclassement de 20 à 30% des pommes bio en pommes conventionnelles

La raison de ces déclassements n’est pas technique mais purement économique. La demande pour les produits bio ne suit pas. En d’autres termes, il n’y a pas d’acheteurs pour ces volumes et les distributeurs sont donc obligés de les vendre à perte sous une étiquette “non bio”.

On ne parle pas ici de produits anecdotiques, ni de volumes anecdotiques. Quelque chose d’inquiétant se passe sur le marché du bio qui est corroboré par d’autres chiffres : la baisse de 7% des achats de carottes bio et des produits laitiers bio ou la baisse de 3,1% des achats d’œufs bio par exemple.


Comment expliquer la contraction du marché du bio en 2021?

Rappelons tout d’abord qu’un cas n’est pas l’autre et que la dynamique de marché de chaque pays peut être différente. Par la taille de son marché et l’intensité concurrentielle du secteur de la grande distribution, la France reste toutefois un cas d’étude particulièrement pertinent dans tout ce qui touche au retail.

Le marché du bio est habitué à des “décrochages”. Ces derniers suivent les rythme de conversion des agriculteurs au bio. Tous les 2 à 3 ans on peut donc escompter un accroissement de l’offre puis un ajustement. Le déséquilibre en 2021 est toutefois d’une toute autre ampleur et fait craindre une surestimation du potentiel de croissance du marché de l’alimentation bio. Nous avions déjà rapporté qu’un sondage réalisé en Décembre 2020 montrait une décélération des achats de produits bio. Cette dernière est donc actée.


Quelles perspectives pour l’agriculture bio ?

Ces chiffres sont de mauvaise augure pour les agriculteurs qui ont fait le choix du bio. Ces derniers sont en effet engagés dans un processus à long-terme soutenu par une Commission Européenne qui veut 25% de surfaces cultivées bio d’ici à 2030. Cet objectif paraît désormais très ambitieux au regard de la réalité de la demande. Car ce qui rebute encore et toujours le consommateur c’est le prix. Selon certaines études les prix du bio sont jusqu’à 75% plus chers que ceux du conventionnels. Les défenseurs du bio rétorquent que “ce qui est rare est cher” et que les prix seront tirés vers le bas avec l’augmentation de la production.

Si ce dernier argument fait sens d’un point de vue économique, on peut toutefois s’interroger sur sa réalité dans un environnement de marges faibles pour le secteur du retail. Les distributeurs ne vont-ils pas être tentés de maintenir les prix élevés et de gonfler leurs marges plutôt que de répercuter d’hypothétiques économies aux consommateurs.

Telle est la question qui déterminera sans doute l’avenir du marché du bio dans les 5 à 10 prochaines années. Notre prédiction : malgré de possibles économies d’échelles, l’inflation et la baisse du pouvoir d’achat vont freiner la croissance du marché du bio dont nous estimons le pic à 10% du budget des ménages d’ici à 2030.


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